La NRF: pour un roman d'aventure

Publié le par Etonnants Voyageurs

Comment définir le roman français? C'est la question soulevée lors du débat sur la Nouvelle Revue Littéraire (Gallimard) à l'occasion de la parution du numéro d'avril consacré à l'aventure. Avec ce numéro spécial, la revue trimestrielle rejoint les préoccupations du festival et des signataires du Manifeste pour une Littérature Monde autour de la mondialité de la littérature.

Fondée en 1908 sous le patronage d'André Gide, la NRF donnait la part belle aux romans d'aventure. Institution phare influençant les débats d'entre-guerre, la NRF a peu à peu perdu de vue son rôle premier et rejeté les romans dits d'aventure, considérés bien souvent comme de la "sous littérature". Des mouvements dans les années 1960 en venaient même à déterminer ce qui était de la littérature et ce qui ne l'était pas. C'est alors qu'on criait à l'agonie du roman français. Mais d'où vient le malaise?
Pour Alain Mabanckou, chef de file des jeunes écrivains africains, "on crie à l'agonie mais aucun médecin ne cherche le médicament : le romancier français a trop parlé et n'a pas assez écouté". Pour ce professeur de littérature aux Etats-Unis, il est indispensable "de retourner là où le monde existe et utiliser tous les sens pour le peindre, au lieu de regarder son nombril et en mesurer chaque matin la superficie!" Il faut embrasser le monde, la littérature ne peut se limiter à un territoire. La littérature est par essence une migration, un voyage, l'écrivain doit garder un rapport d'étrangeté par rapport à la langue, explique Gilles Lapouge. Ecrivain voyageur récompensé du prix Femina pour "L'encre du voyageur", Gilles Lapouge considère que l'écrivain a encore un rôle au moment où la langue est dépassée par ce que l'on cherche à dire. Définir le roman français ou le roman de France ?

Lorsque le manifeste Pour une littérature monde est sorti, l'objectif de ses 44 signataires était de faire de la France un département de la francophonie et non plus l'institution mère-louve comme le rappelle Michel Le Bris, persuadé que le renouvellement de la littérature française vient de la littérature francophone. Il rappelle qu'à la création du festival Etonnants Voyageurs, des revues littéraires lui opposaient le génie français ! Ces revues avaient oublié que le roman français d'avant guerre était ouvert sur le monde.
Puisse l'aventure Etonnants Voyageurs durer encore longtemps afin que le roman français ne se renferme pas trop sur lui même.

Florence Brissieux

Publié dans Rencontres

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