Ne pas survivre qu'à moitié à la folie des hommes
Ouverture émouvante du Café littéraire ce lundi matin avec Velibor Colic, Gilbert Gatore, Yasmine Char et Jean Hatzfeld, témoins de la folie des hommes. Dans la vie, chacun, à sa façon, apprend à vivre avec la souffrance. Les auteurs ont témoigné de cet apprentissage difficile de "faire avec" l'effroyable : guerre, génocide, menaces terroristes.
Plutôt que de livrer à ses lecteurs un roman réaliste sur son épouvantable expérience du génocide rwandais, Gilbert Gatore, auteur de l'ouvrage Le passé devant soi (prix Ouest-France / Etonnants Voyageurs 2008), a préféré construire une histoire à partir de son nouveau regard sur le monde, modifié par l'épreuve qu'il a traversée. Le Rwanda n'est jamais nommé, la description de l'expérience de cette nouvelle vie, bien étrange, vaut témoignage historique en soit.
L'esprit de l'homme subissant une guerre, traumatisé, usé par elle, impitoyable et destructrice, est malgré tout capable d'inventer des issues de secours. Pour Yasmine Char qui a vécu au Liban, la guerre, terrible, donne naissance par l'expérience qu'elle nous impose à un nouveau sens. "Elle nous rend plus fort quand on s'en sort. Et dans mon cas, la menace qui existe au Liban étant permanente, je sais faire avec".
La guerre donne aussi naissance, aux yeux de Jean Hatzfeld, à des formes d'humour extraordinaires "l'humour juif, l'humour libanais, l'humour bosniaque... comme si créer un humour était nécessaire pour vivre (survivre à ?) la guerre." A quoi Velibor Colic s'empresse d'ajouter que les Bosniaques "étaient déjà rigolos avant", concédant tout de même que la guerre "a accéléré les choses. Car il faut bien rire." Il le faut, oui, il le faut bien en pareille circonstance, au risque de ne survivre qu'à moitié.
Rire et colère bien sûr. Car le traumatisme est grand et le besoin de dire sa vérité impérieux. "Je refuse que l'on bricole la mémoire de cette guerre comme je le vois sur le net depuis quelques temps, insiste-t-il, d'où la nécessité pour moi de rappeler les faits et de dénoncer que l'on a détruit sciemment l'Islam tolérant de Bosnie".
Marie-Laure Even
Plutôt que de livrer à ses lecteurs un roman réaliste sur son épouvantable expérience du génocide rwandais, Gilbert Gatore, auteur de l'ouvrage Le passé devant soi (prix Ouest-France / Etonnants Voyageurs 2008), a préféré construire une histoire à partir de son nouveau regard sur le monde, modifié par l'épreuve qu'il a traversée. Le Rwanda n'est jamais nommé, la description de l'expérience de cette nouvelle vie, bien étrange, vaut témoignage historique en soit.
L'esprit de l'homme subissant une guerre, traumatisé, usé par elle, impitoyable et destructrice, est malgré tout capable d'inventer des issues de secours. Pour Yasmine Char qui a vécu au Liban, la guerre, terrible, donne naissance par l'expérience qu'elle nous impose à un nouveau sens. "Elle nous rend plus fort quand on s'en sort. Et dans mon cas, la menace qui existe au Liban étant permanente, je sais faire avec".
La guerre donne aussi naissance, aux yeux de Jean Hatzfeld, à des formes d'humour extraordinaires "l'humour juif, l'humour libanais, l'humour bosniaque... comme si créer un humour était nécessaire pour vivre (survivre à ?) la guerre." A quoi Velibor Colic s'empresse d'ajouter que les Bosniaques "étaient déjà rigolos avant", concédant tout de même que la guerre "a accéléré les choses. Car il faut bien rire." Il le faut, oui, il le faut bien en pareille circonstance, au risque de ne survivre qu'à moitié.
Rire et colère bien sûr. Car le traumatisme est grand et le besoin de dire sa vérité impérieux. "Je refuse que l'on bricole la mémoire de cette guerre comme je le vois sur le net depuis quelques temps, insiste-t-il, d'où la nécessité pour moi de rappeler les faits et de dénoncer que l'on a détruit sciemment l'Islam tolérant de Bosnie".
Marie-Laure Even